Lundi 28 décembre 2015 (partie 1)
Ce matin nous avons décidé d'aller assister au lever du soleil dans
les environs de Factory Butte. Quand nous sortons de l’hôtel il fait nuit noire
et les températures sont encore plus basses qu'hier : moins douze degrés. Après
un quart d’heure de route (piste d’accès en très bon état) nous sommes sur
place. Lorsque les premières lueurs du jour apparaissent, nous nous rendons
vite compte qu'il y a trop de nuages pour que nous puissions profiter d’un joli
lever de soleil. Nous n’avons qu’une petite bande de ciel située juste
au-dessus de l’horizon, parée d’un impressionnant rouge-orangé à
nous mettre sous la dent.
C’est également raté pour l'embrasement de Factory Butte que nous
espérions. Pour voir cette immense citadelle rocheuse située au beau milieu de
nulle part autrement qu'avec son habit gris uniforme, il faudra revenir.
Ce n'est pas grave, les nuages nous offrent tout de même un beau
spectacle.
Après le lever du soleil nous avions prévu de nous rendre à Little
Wild Horse canyon. L'omniprésence des nuages nous fait changer d'avis et nous
choisissons d’aller à Crack canyon où il nous semble que le manque de soleil
sera moins préjudiciable. Sur la route nous faisons une petite halte pour jeter
un coup d'œil à des pictographes qui devaient être splendides avant que le
temps ne les dégrade.
Après une dizaine de kilomètres de piste supplémentaires nous arrivons
au départ de la randonnée de Crack canyon. Une petite marche d’approche (un
kilomètre et demi) est nécessaire avant d’atteindre l’entrée du canyon. Une
piste chaotique, accessible uniquement aux 4x4 ayant une garde au sol
importante, permet de réduire la longueur de cette marche d’approche. Nous nous
y engageons et après seulement 500 m nous nous garons. Aller plus loin
commencerait à devenir sérieusement risqué.
Crack canyon, qui débute de façon relativement classique, …
… possède trois sections de « narrows » ou parties très
étroites. La première, que l’on rejoint seulement quelques minutes après être
entré dans le canyon, est assez impressionnante car on a presque l'impression
d'être à l’intérieur d’un tunnel.
Mais ce ne sont pas les narrows qui ont rendu célèbre Crack canyon. Ce
qui fait la réputation de ce canyon, ce sont ses formations rocheuses dites en « swiss
cheese » ou « fromage suisse ». Effectivement, nombre de ses
parois, constellées de trous de toutes tailles, ressemblent étrangement à du
gruyère. Par endroits, on a presque l'impression que le canyon a été creusé au
sein d’une énorme meule de gruyère.
Nous arrivons rapidement à la deuxième section de narrows et faisons
face à un petit problème. Pour accéder à cette section il faut descendre une
chute pas très haute (à peine plus de trois mètres) mais extrêmement lisse. Si dans
le sens de la descente il n'y a aucun risque, la remontée devrait être beaucoup
plus délicate car il n'y a vraiment aucune prise. Nous avons beau étudier
attentivement les lieux, nous ne trouvons pas de solution. Sans corde, il vaut
mieux ne pas s'aventurer plus avant car cela sent le plan galère. Et si il y a
une chose que nous n'avons vraiment pas envie de tester, c'est bien de rester
coincés au fond d'un « slot canyon » (canyon à fente) !
C’est à contrecœur que nous prenons la décision de faire demi-tour. Dommage
car ce canyon commençait vraiment à nous plaire. Pour nous consoler le soleil décide
enfin de faire quelques timides apparitions. C'est l'occasion pour nous de
mieux profiter de la meule de gruyère sur le chemin du retour.
Le swiss cheese, c’est non seulement très agréable visuellement
parlant, mais aussi très pratique pour escalader les falaises des canyons.
Pendant notre immersion dans le swiss cheese nous avons beaucoup pensé
à un couple d'amis suisses, grands randonneurs et eux aussi passionnés par
l'ouest des États-Unis, dont nous vous recommandons leur blog : Two Swiss Hikers .
Nous avons beaucoup apprécié cette randonnée même si la température de
moins neuf degrés que nous avons dû supporter nous a légèrement refroidis.
Notre incapacité à passer le petit obstacle qui donne accès à la deuxième
section de narrows nous laisse un goût d'inachevé. Il n'est donc pas impossible
que nous revenions un jour par ici avec une corde.
à suivre …