Lundi 20
juin 2016 :
L'horaire de notre départ de ce matin
est imposé par l'ouverture de la « grande » surface de Blanding. 7h,
jamais nous n'avons quitté notre hôtel si tard ! Nous n'avons pas le choix
car demain nous avons prévu de camper et d'expérience, nous savons que ce n'est
ni à Hanksville, ni à Torrey, les « villes » proches d'où nous allons,
qu'il faut espérer trouver un magasin digne de ce nom. Si nous voulons faire un
ravitaillement correct, c'est le moment ou jamais. Par contre pour notre
traditionnelle bière lors de notre soirée camping, c'est mort ! C'est ça
le charme des villes mormones.
Notre journée sera consacrée à la
visite de deux ruines. Normalement, ce sont les dernières de notre voyage. Les
premières que nous allons voir sont celles de House of Fire, des ruines qui
font l'objet d'une randonnée officielle. Elles reçoivent donc des visiteurs très
régulièrement. Rien à voir avec certaines des ruines que nous avons visitées
ces derniers jours (qui étaient totalement en dehors des circuits touristiques)
et rien à voir avec celles qui vont venir cet après-midi.
La petite randonnée qui conduit à House
on Fire chemine dans un agréable canyon (Mule canyon).
Dans cet agréable canyon, nous
rencontrons une adorable petite bête : un serpent à sonnette. Le troisième
serpent de notre séjour.
Vu sa taille, il s’agit sans doute d’un
jeune. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les jeunes sont souvent les
plus dangereux car ils injectent leur venin à la première morsure. C’est plus
rarement le cas de leurs aînés qui ont bien compris qu'une première morsure
sans venin suffit souvent à faire déguerpir les intrus et permet d'éviter de se
retrouver désarmé, le venin mettant assez longtemps à se régénérer.
Après moins de deux kilomètres de
marche nous atteignons les ruines de House of Fire.
Elles n'ont rien d'exceptionnel en elles-mêmes.
On y trouve quelques constructions, certes bien conservées, mais ne présentant
pas d'intérêt très spécifique. Ce qui fait le charme de ces ruines, c'est leur
environnement et tout particulièrement le plafond de l'alcôve qui les abrite.
Ce dernier ajoute un vrai plus aux ruines en dessinant au-dessus d'elles des motifs
géométriques attrayants et photogéniques.
Sous certaines conditions d'éclairage, pas
celles que nous connaissons ce matin, on a même l'impression que des flammes
s'échappent de la partie supérieure des constructions. D'où le nom de ces
ruines, la « maison de feu ».
Avant de quitter House of Fire nous
jetons un coup d’œil sur la suite du Mule canyon.
Il est possible de poursuivre la balade
dans le canyon pour rejoindre d’autres ruines, mais cela sera pour une autre
fois.
Notre seconde ruine de la journée est ailleurs
et quasiment inconnue. On en trouve bien quelques photos sur internet, mais
jamais d'indices précis concernant sa localisation. Le secret est bien gardé
par ceux qui le connaissent. Les « chasseurs » de ruines sont
généralement des gens qui aiment exposer leurs trophées photographiques mais
qui restent très discrets quant aux endroits où se situent leurs sujets. Quand
on constate les dégradations subies par certains sites, on les comprend !
Malgré cela, après des jours de
recherches sur internet, de compilations et d'analyses des rares éléments
découverts de-ci et de-là, j'ai pu me faire une idée de la région où cette
ruine devait être située. Quelques infos complémentaires m'ont permis de
restreindre ma zone de recherche à quelques dizaines de kilomètres de canyons.
C’est encore très large !
Mes recherches m'ont fourni deux ou
trois photos de la ruine dans son environnement. Il ne me restait plus qu'à
m'atteler à la tâche fastidieuse d'étudier en détail les moindres recoins de
ces canyons grâce aux photos aériennes de GoogleEarth afin de voir s'il était
possible de trouver une zone qui pourrait coller. Bingo ! En quelques heures
j'avais une zone potentielle où tout semblait correspondre. Il y a même une
toute petite piste qui permet d'accéder directement au-dessus de l'endroit où
je pense que peut se situer la ruine. A quoi donc pourrait servir cette piste
si ce n’est à accéder à quelque chose d'intéressant ? Une ruine par
exemple !
A ce moment, je suis persuadé d'être
dans le vrai à 99%. Il ne me reste plus qu'à chercher comment accéder à cet
endroit (toujours grâce à GoogleEarth) et à établir un plan de route avec les
coordonnées GPS qui permettront de nous y rendre.
C'est maintenant l'heure de vérité. Est-ce que je me suis
auto-convaincu, ou ai-je raison ? Nous n'allons pas tarder à le savoir. Enfin bientôt ... après près de 50 kilomètres de piste ! Une
piste dans un état très correct et dans des paysages très agréables et étonnamment
verts pour la région.
Nous avons bien fait de choisir une
voiture couleur piste. C'est l'idéal pour passer incognito !
Après 1h40 de pistes nous arrivons au
bord de la falaise repérée il y a plus de deux ans. Nous allons enfin savoir
...
C’est l’heure de notre pause
pique-nique mais le suspense est trop prenant. Impossible d’attendre plus
longtemps. Descente au pas de course dans le canyon. Rapidement nous apercevons
un petit bout de la ruine lovée dans son alcôve. Yes ! Je ne me suis pas
trompé ! Maintenant, nous avons tout notre temps. Nous n’allons même pas
jusqu’à la ruine. Retour à la voiture pour profiter d’un sandwich vite avalé.
Quelques minutes plus tard, nous reprenons la direction du canyon et en moins
de dix minutes nous y sommes !
Dès que l'on découvre D… H… ruin, on se
dit deux choses. La première est que son appellation est parfaitement
justifiée. Difficile de lui trouver un patronyme qui lui collerait mieux. La
seconde, c'est qu'il n'est pas réaliste de la qualifier de ruine. Elle est en
effet dans un état de conservation incroyable. Malgré ses nombreuses centaines
d'années, on pourrait croire que ses habitants sont partis ce matin et qu'il
suffirait d'attendre un peu pour les voir revenir.
Comme souvent pour les ruines « en
dehors des sentiers battus », les services qui gèrent ces territoires et
les ruines qu'ils contiennent laissent à l'attention des rares visiteurs, une
petite caisse en fer dans laquelle se trouvent des consignes pour aider à la
préservation des ruines, parfois quelques infos sur ces ruines et un cahier où
la tradition veut que chaque visiteur laisse une trace de son passage. En
parcourant ce cahier nous nous rendons compte que le site est effectivement très
peu fréquenté : seulement quelques dizaines de personnes sur les deux dernières
années, dont aucun français. Et incroyable surprise, il y a seulement quelques
jours, une certaine Connie, une amie Facebook américaine, grande passionnée par
les ruines indiennes, était ici ! A quelques jours près, nous aurions pu nous
rencontrer...
Petite exploration des environs pour
voir si comme une de mes lectures le laissait supposer il n’y aurait pas des
ruines secondaires à proximité : rien de concluant donc retour à D… H…. Après
avoir profité un long moment de ce petit bijou, nous reprenons la route (ou
plutôt les pistes) en sens inverse. Les pistes c'est sympa, mais cela fatigue.
Après près de cent kilomètres dans la journée, nous nous offrons une petite
séance détente avant de retrouver le bitume.
Il nous reste pas mal de route pour
rejoindre notre étape de ce soir, Hanksville. C'est la première fois que nous
empruntons la highway 95 entre le parc de Natural Bridges et le Colorado et
nous ne le regrettons pas, elle traverse de superbes paysages …
… et nous offre deux points de vue
impressionnants depuis les viaducs qui franchissent le mythique Colorado …
… et la Dirty Devil river.
Un peu plus loin la route nous offre un
autre point de vue, cette fois sur la zone qui marque le début du lac Powell
lorsque le niveau d’eau est « normal », ce qui est loin d’être le cas
depuis quelques années.
Cette route est aussi l'occasion de
battre notre record de température pour ce séjour : 42 degrés à l'ombre !
Et on vous l'a déjà dit, de l'ombre il y en a pas beaucoup par ici ...
Notre motel habituel à Hanksville (le Whispering Sands motel) étant
complet, nous nous rabattons sur la seule autre possibilité offerte par cette
petite bourgade : le Hanskville Inn. Propriétaires dans un état …
étonnant, propreté … douteuse (pour être gentil) et prix plus qu’exagéré pour
un tel établissement. Bref, à fuir si vous en avez la possibilité !