Lundi 13 juin 2016 :
Nous avons passé la nuit à Alamogordo, la ville la plus proche de
White Sands, afin d'être dans le parc à la première heure. La première heure
c'est 7h, l'heure d'ouverture officielle du parc. Si nous voulons arriver à
l'ouverture, c'est pour pouvoir bénéficier d'une relative fraîcheur lorsque
nous débuterons la plus grande des randonnées du parc, Alkali Flat trail, une
boucle de 8 km dans les immensités du désert blanc de White Sands.
Arriver à 7h à l’entrée du parc, c’est de la rigolade pour nous grâce
au décalage horaire. Nous sommes même obligés de traîner un peu à l’hôtel et malgré
cela, aujourd'hui, nous aurons l'honneur d'être les premiers visiteurs de White
Sands. Nous avons encore un gros quart d'heure à attendre avant de pouvoir
entrer.
Dès que la barrière s’ouvre, nous faisons la quinzaine de kilomètres
qui nous sépare du départ de la randonnée de Alkali Flat trail. La traversée du
parc est toujours aussi impressionnante et nous ressentons toujours cette
curieuse impression d’être perdus dans un paysage recouvert de neige. S’il n’y
avait pas la chaleur et quelques cactus de ci de là, nous pourrions réellement
nous y croire.
Attention, pour entreprendre cette randonnée, il ne faut pas rigoler. Nous
sommes ici dans le désert, le vrai ! Alkali Flat trail est classée par les
Rangers comme étant « streneous » ou éprouvante. C’est l’échelon le
plus élevé concernant les difficultés des randonnées que l’on peut rencontrer
dans les parcs nationaux. Si la randonnée en elle-même n’a rien de vraiment
compliqué, la difficulté vient de la chaleur, de la réverbération avec le sable
blanc, des risques accrus de déshydratation et des risques non négligeables de
se perdre. Pour les personnes non préparées ou celles qui la prendraient à la
légère, cette randonnée peut s’avérer terriblement difficile, voire dramatique.
Chaque année il y a des accidents. L'année dernière, un couple de randonneurs y
a laissé la vie. Donc, si vous voulez découvrir ces merveilles, prudence !
Au départ de la randonnée les règles élémentaires de sécurité sont
exposées en détail :
- ne pas entreprendre cette randonnée si la
chaleur est élevée ;
- partir avec suffisamment d’eau ;
- prévenir quelqu’un de son départ (il pourra
donner l’alerte si il n’a pas de nouvelles à une heure pré-convenue) ;
- si on n’a pas atteint la moitié de la boucle,
faire demi-tour lorsqu’on a bu la moitié de ses réserves d’eau ;
- en cas de doute sur le chemin à suivre, faire
demi-tour.
Après les premiers mètres de la randonnée, un dernier panneau est là
pour remémorer les conseils de prudence les plus importants.
Lorsque nous prenons le départ de la randonnée il fait 21 degrés. Même
si le soleil est au rendez-vous, il y a beaucoup de nuages bas et le fond de
l'air est brumeux. Nous n'aurons pas droit à un joli ciel bleu en arrière-plan des
dunes de sable blanc. Dommage !
Soyons clairs, cette randonnée est magique ! Nous sommes seuls
(nous ne verrons personne pendant les presque quatre heures qu’elle durera),
dans un monde minéral monocolore. C’est un véritable enchantement pour les yeux
et les sens. Nous sommes transportés très loin de tout ce que nous connaissons
et savourons pleinement ces paysages uniques et extraordinaires.
Les dessins et les courbes tracés par le vent sur le sable blanc sont
d’un graphisme impressionnant. De véritables œuvres d’art !
Ici la végétation a totalement disparu à quelques très rares
exceptions près. Et pourtant la vie subsiste. La preuve !
Il n’est pas beau mon lézard ?
Est-ce de l’indolence due à la chaleur, l’absence de prédateurs en
plein cœur du désert ou la méconnaissance de l’être humain, mais ce lézard n’a
pas montré le moindre signe de peur. Nous avons pu nous en approcher à loisir
et rester près de lui aussi longtemps que nous avons voulu. Je suis presque sûr
que nous aurions pu le toucher.
Plus nous avançons et plus le soleil se fait discret. Dans l'ombre, tous
ces paysages majestueux deviennent tout de suite beaucoup moins photogéniques.
C'est pourquoi, dès qu'un rayon de soleil fait une timide apparition,
il faut en profiter.
Puis le couvert nuageux devient trop épais pour que le soleil puisse
le vaincre. La randonnée se poursuit sans la lumière qui met si bien en valeur
le superbe sable blanc de White Sands.
Au deux tiers de la randonnée nous observons un petit coin de ciel
bleu qui prend de l'importance au fur et à mesure que le temps avance. Si cela
continue ainsi et que les vents orientent cette ouverture du bon côté, il n'est
pas impossible que nous ayons droit à une bonne dose de soleil. Nous décidons
donc de nous arrêter et d'attendre un peu. Notre choix s'avère judicieux, car
après trois gros quarts d'heure de pause, le soleil refait son apparition. Et
sous le soleil, cela n'a réellement plus rien à voir !
Si les paysages deviennent magiques sous le soleil, la chaleur,
amplifiée par la réverbération sur le sable blanc est torride, et la randonnée
change du tout au tout. De facile par temps couvert, elle devient effectivement
(très) éprouvante en plein soleil. A la fin de notre balade, à 11h30, il fait
35 degrés, mais la température que nous avons ressentie sur la dernière partie
de notre parcours nous a semblé beaucoup plus élevée.
Contrairement à ce que nous pensions, cette randonnée nous a paru
plutôt facile, en dehors de la chaleur bien sûr ! Ce qui nous a le plus
surpris, c'est le sable de White Sands. Il a une texture très particulière qui
le rend relativement compact et donc parfois assez facile d'y randonner.
Rien à voir avec le sable de Great Sand Dunes où nous étions avant-hier.
Grâce aux repères orange mis en place par le parc, il est très facile
de localiser le parcours de la randonnée.
A condition toutefois que ces repères soient bien en place ! Lors
de notre passage, plusieurs d’entre eux étaient à terre et en conséquence, par
endroit, trouver la suite du cheminement n’était pas évident. Un gros point
négatif pour le parc ! Pas la peine de mettre en place toute une
signalétique en début de la randonnée si les repères ne sont pas entretenus …
Dans la zone où nous avons eu le plus de mal à nous y retrouver, nous avons
remis en place une balise qui était couchée et enterrée sous une bonne dizaine
de centimètres de sable.
La principale règle de sécurité à observer, en dehors de partir avec
une quantité suffisante d'eau, c'est de toujours avoir en vue un de ces
repères. Si, pour un raison ou une autre, on ne trouve pas le repère suivant,
il faut impérativement faire demi-tour. Tout se ressemble ici et je n'ose pas
imaginer ce qui pourrait arriver si on devait se perdre dans ce désert ...
Un dernier conseil, n’oubliez pas vos lunettes de soleil. J’ai testé
et à la fin de la randonnée, je ne pouvais quasiment plus ouvrir les yeux. La
réverbération est intense et après quelques heures les yeux sont plus que
fatigués !
Avant de quitter définitivement le parc de White Sands, nous faisons
un dernier petit tour pour profiter à nouveau du sable blanc avec un peu de
végétation.
Lorsque nous quittons le parc, nous remarquons que les drapeaux du
visitor center sont en berne pour rendre hommage aux victimes du lâche attentat
d’Orlando.
Nous reprenons la route pour rejoindre le centre du Nouveau-Mexique. On
the road again !
Cela représente beaucoup de kilomètres pour passer à peine deux demi-journées
dans un parc, mais nous avions vraiment envie de découvrir le parc national de White
Sands. Maintenant, c'est fait ! Et ce parc nous a vraiment plu !
Notre conclusion concernant le parc de White Sands : Waouh !!!
Une heure après avoir quitté White Sand, nous nous arrêtons à
Carrizozo, cette mythique ville de l'ouest américain et la seconde raison de
notre venue dans cette région éloignée. Mais de notre visite à Carrizozo, vous
ne saurez rien car la règle est simple et implacable : « Ce qui se passe à
Carrizozo, reste à Carrizozo » (private joke).
L'après-midi est bien entamé lorsque nous faisons notre traditionnelle
pause pique-nique …
… et après près de 400 kilomètres depuis notre départ de White Sands
nous rejoignons notre destination pour ce soir, Albuquerque.