Mardi 14 juin :
Besoin de changements aujourd'hui. Après un début de séjour très « sable »,
avec les parcs de Great Sand Dunes et de White Sands, nous optons pour de la
roche dure. Après n'avoir vu quasiment que du blanc ces dernières 24 heures à
White Sands, nous choisissons le noir. Après avoir rôti au soleil à longueur de
journée, nous espérons pouvoir trouver un peu de fraicheur sous terre.
Direction le parc de El Malpais qui protège une immense étendue (35 km de
longueur pour 25 km de largeur) recouverte par de multiples coulées de lave.
Notre premier contact avec le parc se fait au travers d'une balade sur
la plus jeune des coulées de lave de la région (3 000 ans tout de même). Pas
très long et bien tracé, le sentier que nous suivons grâce à de nombreux cairns
(Lava Falls trail), nous permet de découvrir des paysages volcaniques assez
variés.
Un sentier passionnant à suivre qui constitue vraiment une excellente façon
de commencer à découvrir ce parc et ses paysages inhabituels. Avec la lumière de
ce début de matinée, c’est splendide. Nous avons adoré !
Avant d'attaquer la randonnée qui nous occupera pendant quelques heures, nous avons un passage obligé par la case « visitor center ». Nous devons en effet démontrer nos capacités dans un domaine bien précis à un ranger afin qu'il nous délivre un permis qui nous donnera l’autorisation de nous livrer à une activité inédite pour nous. Bien que nous soyons de parfaits novices (nous avons omis de le dire !), la gentille ranger qui officie aujourd'hui nous remet sans problème le précieux sésame après avoir vérifié nos compétences et après nous avoir récité une liste de recommandations longue comme le bras.
Maintenant que les formalités sont remplies, nous pouvons attaquer
notre randonnée dans la zone de Big Tubes, une coulée de lave beaucoup plus
ancienne que celle que nous avons arpentée ce matin.
L'intérêt principal de ce secteur, en dehors de ses paysages
volcaniques bien sûr, ce sont des tubes de laves aux dimensions
impressionnantes.
Mais un tube de lave, c’est quoi ?
Un tube ou tunnel de lave est formé par une coulée volcanique qui
s'est refroidie en surface en formant une croûte solide mais dont le cœur est
resté fluide, permettant à la lave de continuer à s'écouler. Lorsque la coulée
cesse d'être alimentée par la lave en fusion, elle se vide et laisse une cavité
en forme de galerie.
Lorsque le plafond de ces tubes de lave s'effondre, d'immenses chenaux
se dessinent dans la coulée.
Les zones les plus intéressantes sont celles où subsistent côte à
côte, une partie effondrée et une partie intacte. On observe alors
d’impressionnants ponts au-dessus des chenaux de lave.
Par endroits, on trouve juste une ouverture qui descend on ne sait où
…
Nous terminons notre randonnée dans le secteur des Big Tubes par le
clou du spectacle. Ce pour quoi un permis est obligatoire, une petite séance de
« caving », autrement dit, l'exploration d'une grotte : Big
Skylight cave. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une grotte, mais d'une
section intacte de 250 mètres de long d'un énorme tube de lave. La descente
dans le tube de lave est assez acrobatique mais sans véritable problème. Dès
l'entrée on est saisi par le spectacle. Le tube de lave possède des dimensions
impressionnantes. C'est grandiose !
Notre avancée dans le tube de lave se fait sans trop de difficultés
même si la progression est très lente. Il faut sans cesse contourner ou
escalader d’énormes blocs rocheux. Très fun comme expérience. Et la fraicheur,
quel bonheur !
A l'intérieur on se sent minuscule et on se croirait dans un tunnel de
métro taille XXL. Vraiment impressionnant !
Nous comprenons vite d’où vient le nom de cette "grotte".
Elle possède une particularité très intéressante. Une cinquantaine de mètres
après l’entrée, son plafond est percé d’une énorme ouverture circulaire qui
apporte un éclairage naturel permettant de savourer la découverte du début de
ce boyau avec une lumière très correcte. Heureusement, car ce ne sont pas nos
petites lampes torches qui nous seront d’une grande utilité ici. Il faut dire
que notre équipement est très light et n’a pas grand-chose à voir avec celui
qui est recommandé par les rangers (casque, gants, combinaison à manches
longues, éclairage spécifique, …).
Les parois de Big Skylight cave portent encore les traces des flots de
lave qui y ont circulé.
Une petite centaine de mètres après avoir passé l’ouverture dans le
plafond, la lumière naturelle disparait complètement et nous nous rendons vite
compte de l’inefficacité totale de nos lampes. Il est temps de faire demi-tour.
Il y a d’autres tubes de lave qui sont ouverts à l’exploration dans le
parc de El Malpais, à condition d’avoir un permis ! Mais contrairement à Big
Skylight cave, ils ne possèdent pas de puits de lumière. Inutile donc de nous y
rendre.
L’exploration de Big Skylight cave conclut donc notre virée dans le
parc de El Malpais, un parc rarement visité par les aficionados de l'ouest
américain. Il nous a pourtant vraiment intéressés. On y trouve des paysages
inhabituels et des curiosités géologiques qui méritent largement le détour.
Cerise sur le gâteau, lors de notre visite de nombreux cactus étaient
en fleur. Une écrasante majorité de jaune ...
... et un peu de rouge.
Pour finir notre journée nous décidons de nous rendre à la limite du
Nouveau-Mexique et de l’Arizona, à Window Rock, la capitale de la nation
Navajo. Si nous sommes venus à Window Rock (la ville), c'est pour voir Window
Rock (l’arche). C’est une superbe arche, mais lorsque nous arrivons il est un
peu tard. Elle est déjà partiellement envahie par l'ombre.
Dans l’agréable petit parc qui a été créé au pied de Window Rock, on
trouve un monument qui rend hommage aux légendaires Navajo Code Talkers.
Un peu d’histoire …
Durant la seconde guerre mondiale, les Japonais se sont montrés très
performants pour casser les codes utilisés par l’armée américaine pour les
transmissions sur le théâtre du Pacifique sud. Très vite, la question de
trouver une méthode sûre qui résisterait à la sagacité des déchiffreurs ennemis
fut posée. Des Marines Navajos furent recrutés afin de concevoir un code secret
basé sur leur langue. Le code ainsi créé était si performant qu’il ne fut
jamais déchiffré par l’ennemi et que, d’après le commandement américain, il
permit non seulement de sauver un nombre incalculable de vies parmi les forces
armées mais aussi d’ouvrir la voie à la victoire alliée dans le Pacifique sud.
A la fin de la guerre, plus de 400 Navajos avaient servi comme Code Talkers
dans l’armée américaine. Cette histoire resta sous le sceau du secret pendant
des décennies dans l’éventualité où les talents uniques des Code Talkers
Navajos redeviennent un jour nécessaires. Ce n’est qu’en 1968 que ces faits furent
déclassifiés et que l’action des Navajos put enfin être reconnue au grand jour.
En 2001, George W. Bush décerna aux Code Talkers la médaille d’or du Congrès
américain, la plus haute distinction civile existante.
Comme le résume bien la plaque commémorative qui accompagne le
monument de Window Rock, « Dine'
Bizaad Yee Atah Naayee' Yik'eh Deesdlii » (la langue Navajo a aidé les
forces armées à vaincre l'ennemi).
Nous passons la nuit dans les environs de Gallup et dinons au Badlands
Grill : nourriture excellente, accueil parfait et rapport qualité prix
correct. Que demander de plus !