Dimanche 19
juin 2016 :
Nous ne sommes pas certains de pouvoir accéder à notre première
destination du jour, Royal arch. En effet, le dernier tronçon de piste qui y
mène est réputé être en très mauvais état. Nous verrons bien une fois sur
place, mais nous espérons y arriver car l'arche vaut vraiment le déplacement et
notre venue ici nous fait faire pas mal de kilomètres (une grosse centaine).
Après une bonne heure de route, nous attaquons la piste qui conduit à l'arche
et traversons un petit village Navajo. A la sortie de ce village, lorsqu'il
faut prendre l'embranchement pour Royal arch, nous tombons sur ça !
L'accès est condamné. Nous sommes dans l'immense réserve Navajo, et il
semble bien que nous ne soyons pas les bienvenus. Comme il y a des maisons de
chaque côté du barrage artisanal, je descends de voiture pour voir s'il y a
moyen de trouver quelqu'un pour essayer de négocier un droit de passage. Mais
bien qu'il y ait des voitures devant chaque maison, que nous soyons dimanche et
que tous les chiens des environs se soient mis à annoncer notre arrivée,
personne ne vient à notre rencontre. Cela se confirme, nous ne sommes pas les
bienvenus et nous n'avons d'autre choix que de faire demi-tour et renoncer à
cette magnifique arche. Dommage, nous aurions préféré être obligés de renoncer
à cause d'une piste infranchissable. Mais cela fait partie du jeu quand on se
promène en dehors des zones touristiques ...
Puisque Royal arch se refuse à nous, nous devons réorganiser notre
journée. Nous prenons la route en direction de notre prochaine destination, les
environs de Bluff. En chemin nous traversons les montagnes Lukachukai, l'occasion
de renouer avec un peu de verdure et de fraîcheur.
Sinon, comment sont les routes dans la région ? Plutôt de longues,
très longues lignes droites. Plutôt monotones, voire très monotones !
Mais parfois, sur ces lignes droites interminables, la conduite
devient très sportive lorsqu'il s'agit d'éviter d'écraser les nombreux chiens
de prairie qui prennent un malin plaisir à traverser la route sans regarder
(sans doute une variante locale de la roulette russe) ou à se poster sur les
bas-côtés, immobiles sur leurs pattes arrières et droits comme des I, pour
faire le guet.
A Bluff nous faisons un petit arrêt au Cow Canyon Trading Post …
… puis nous nous dirigeons vers Recapture Pocket dont nous avons déjà
visité un des trois sites en hiver.
A peine arrivés, nous partons à la découverte des secteurs que nous ne connaissons
pas. Le plus éloigné de la route 162 est tout petit. Une dizaine de minutes
suffit pour en faire le tour. Nous sommes là au plus mauvais moment de la
journée. Le soleil est à son zénith et la lumière est horrible. Finalement les
photos s’avèrent être mieux que ce à quoi nous nous attendions. La visite ne nous
avait pas passionnés, mais aujourd’hui, nos clichés nous donnent tout de même envie
d’y retourner.
Cet hiver nous n'avions pas pu accéder au troisième site car une
marche rocheuse assez haute barrait la piste et interdisait l'accès à tout
véhicule non équipé d’une énorme garde au sol. Il n’y a pas de raison que la
situation se soit améliorée, mais par acquis de conscience nous allons tout de
même vérifier. Nous avons eu bien raison de faire ce petit détour ! Quelqu'un
a remblayé une bonne partie de la marche avec des pierres et du sable. Cela
nous permet donc d'accéder sans difficulté au dernier site. Merci !
Cette photo n'a pas vraiment d'intérêt si ce n'est de fêter le retour
des nuages blancs chers aux photographes que nous n'avons pas vus depuis
longtemps. Ils ne sont que trois et sont minuscules, mais espérons que ce soient
les éclaireurs d'une troupe plus importante.
Cette partie de Recapture Pocket présente le même type de formations
que les deux autres, mais elle est beaucoup plus étendue. La lumière n’étant
pas extra et la chaleur toujours bien présente, nous nous contentons de faire
le tour de la zone qui parait la plus intéressante, sans aller en explorer les
moindres recoins.
Comme ce matin nous n’avons pas pu accéder à Royal arch, nous avons
pas mal de temps devant nous. Après avoir jeté un coup d’œil à notre
« wishlist » et à notre carte, nous décidons de nous rendre au parc
de Hovenweep. Ce parc, qui ne fait pas partie des itinéraires classiques et que
nous n’avons jamais visité, protège les ruines de cinq villages Pueblo datant
d’il y a environ 800 années. Nous y arrivons en début d'après-midi. Il fait 38
degrés à l'ombre. Pas vraiment l’idéal pour se promener en plein soleil, mais
heureusement, il y a un petit peu d'air. Après notre pause pique-nique
journalière, nous partons visiter le site principal du parc : Square
Tower que l’on découvre en empruntant une boucle de trois kilomètres autour
d’un petit canyon verdoyant abritant une dizaine de constructions.
Si les indiens Pueblo ont déserté depuis longtemps ce canyon, il y
reste tout de même quelques habitants, dont un particulièrement
impressionnant !
Nous poursuivons notre découverte du parc de Hovenweep en nous
dirigeant vers un secteur moins connu, Holly group, qui n’est accessible que
par une piste de difficulté moyenne. Si on y trouve moins de constructions qu’à
Square Tower, il mérite tout de même un détour pour les restes de quelques
tours bien préservées.
Plutôt pas mal conservée pour de la maçonnerie vieille de 800
ans !
Nous prenons maintenant la direction de la petite ville de Blanding,
mais avant de nous mettre à la recherche d’un hôtel, nous nous offrons un petit
détour par les ruines de Tower House. Nous nous sommes déjà rendus vers ces
ruines durant notre séjour de 2014, mais nous n’avions pas réussi à les
atteindre, même pas à les apercevoir ! Après des compléments de recherche
sur internet, nous avons vite compris notre erreur, nous ne les avons pas
abordées par le bon côté : il faut venir par l’ouest et non par le nord.
Après une petite dizaine de kilomètres de piste nous sommes au départ
de la très courte randonnée qui doit nous conduire aux ruines. Nous n’avons que
500 mètres à faire pour les rejoindre, mais le dénivelé pour atteindre le fond
du canyon est assez important et il n’est pas évident de savoir par où passer
(il n’y a bien évidemment pas de sentier !). Nous décidons de suivre un petit
canyon latéral qui devrait nous permettre de rejoindre le canyon principal. La
descente se fait sans problème si ce n’est une piscine qui semble profonde et
qui est remplie d’eau croupie. Si cette piscine à l’eau peu ragoûtante semble
négociable sans trop de problème à la descente (il y a tout de même un petit
risque de glisser et d’aller prendre un bain de boue), la remontée semble devoir
poser plus de difficultés. Mais pas
évident de se faire une idée précise de ce que sera le retour tant que nous
n’avons pas franchi cette piscine. Après quelques minutes de réflexion, nous
décidons de tenter le coup. Nous verrons bien. Au pire, nous trouverons bien un
autre endroit pour sortir du canyon. Une fois la piscine passée, nous nous
rendons compte que le retour ne sera pas aussi simple que nous l’espérions.
Mais ce n’est pas le problème du moment, nous devons nous dépêcher de rejoindre
les ruines avant que la luminosité commence à faiblir. Quelques minutes plus
tard nous y sommes.
Les ruines de Tower House, avec leurs deux étages quasiment intacts
(en dehors de la toiture), sont assez impressionnantes.
A l’intérieur, on découvre les restes du plancher qui séparait les
deux étages. Les murs du premier niveau sont encore fortement colorés par la
suie. C’est bien la preuve qu’il s’agissait d’une habitation et qu’elle a sans
doute était utilisée sur une longue période.
Devant l’édifice principal se trouvent les restes d’un pan de mur ainsi
qu’un édifice secondaire, sans doute un grenier, …
… et quelques pétroglyphes en partie effacés par le temps.
Sur l’arrière du site, les restes d’une autre construction (une
kiva ?) complètent cet ensemble de ruines simples mais encore vibrantes de
la présence de leurs anciens occupants.
Cela peut paraître étrange, mais les ruines isolées et peu connues que
nous découvrons « en dehors des sentiers battus » nous semblent
chaque fois plus vivantes et plus émouvantes que celles impeccablement
restaurées et aménagées que l’on peut trouver à certains endroits (parcs de
Mesa Verde et de Chaco canyon par exemple).
Nous avons toujours du mal à nous détacher de ces témoins du passé, envahis par quelque chose d’indéfinissable. Il est tout de même temps
de prendre le chemin du retour. Comme prévu, le franchissement de
« notre » piscine d’eau croupie semble plus compliqué au retour qu’à
l’aller jusqu’à ce que nous ayons l’idée de tenter de forcer le passage par
l’autre côté. Même si cela semble difficilement réalisable, après un début
légèrement acrobatique, le franchissement est facilement négociable. Une
demi-heure plus tard nous sommes à Blanding.